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9798. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Reichenbach, 25 [février 1758].

Mon cher Frère. Votre lettre m'est venue très à propos pour me mettre du baume dans le sang. Ce que vous m'annoncez des mouvements du prince Ferdinand et de ce que les Français se préparent à repasser le Wéser, est excellent; il faut espérer que le prince Ferdinand en profitera, ce qui fera évanouir leur projet d'entrer dans le Brème et le Mecklembourg.

Je crois vous avoir répondu sur vos hussards1 que je serais bien aise de les voir levés.

Vous voyez, par la lettre de Mailly, qu'il n'y a rien à faire en France pour la paix, et que cette réponse vague et ambiguë ferme la porte à toutes négociations.2 Je suis ici sans secrétaire ni personne, je retourne dans quelques jours à Breslau; alors je répondrai à M. Mailly et vous prierai de lui faire parvenir ma lettre. Vous ne sauriez vous imaginer que de besogne de toutes espèces je trouve ici, j'en ai de toutes les façons; mais ce n'est pas les peines qu'il faut regretter, trop heureux si elles mènent à une bonne fin. Je ne saurais recevoir la proposition de M. de Mailly de se rançonner lui-même ; je jouerais le rôle de marchand, et ce serait la dernière indécence.

Apprenez-moi, je vous en supplie, bientôt que le prince Ferdinand a frotté M. de Clermont d'importance; quand je fais ma petite prière, j'y ajoute toujours: « Ô Dieu, toi qui n'aimes ni les ingrats ni les brigands, daigne donner à ton serviteur Ferdinand toute la force de David pour qu'il assomme tous les bélîtres de Français — ainsi soit-il! » Si vous ne trouvez pas cette formule bonne, je vous prie de vous souvenir qu'elle vaut au moins la prière du vieil Ogilvy, que nous avons entendu brailler en latin dans l'église catholique de Dresde.

Je souhaite de tout mon cœur que votre santé se remette bientôt et tout-à-fait; si un emplâtre de gloire pouvait vous guérir, je vous vois en passe de vous pourvoir amplement de ce remède. Je vous enverrais volontiers Cothenius, mais le pauvre homme a la fièvre chaude très violente.



1 Vergl. Nr. 9778.

2 Das letzte Schreiben des Königs an Mailly vergl. unter Nr. 9635; zugleich sandte am 26. December Prinz Heinrich ein Schreiben an Mailly, vergl. Schäfer, Siebenj. Krieg I, 667. Es liegen von Mailly zwei Antworten vor, d. d. Versailles 30. Januar 1758; an den König, enthaltend den Dank für die Bewilligung des längeren Urlaubs, und an Prinz Heinrich, enthaltend die Antwort König Ludwig's XV. auf die durch Mailly versuchte Einleitung von Friedensunterhandlungen zwischen Frankreich und Preussen. König Ludwig hat zu verstehen gegeben: „Que le Roi, fidèle à ses alliés, évitera toute négociation qui pourrait leur donner ombrage, mais qu'il ne la refusera jamais, conjointement avec ses alliés, à une paix qui serait fondée sur les principes de l'équité et de la sûreté de la paix publique de l'Empire.“ Das oben erwähnte Antwortschreiben König Friedrich's an Mailly liegt nicht vor.